Le mécène qui a refusé d’introduire Rav Kaminetsky dans sa demeure
Qui était la cause du refus du mécène d’introduire le Rav et son épouse transis par le froid dans sa demeure ?
« Voici comment Aaron entrera dans le sanctuaire » (Vayikra 16, 3)
Comment une personne peut arriver à être au moins majoritairement méritante ? Nous sommes tous pleins de fautes sans même nous imaginer jusqu’à combien. Est-il possible que nous aussi, dans notre génération faible, puissions accéder à un tel degré ?
Selon la merveilleuse interprétation de Rav Ben Tsion Abba Shaoul de mémoire bénie, c’est tout à fait possible. Le Midrash (Vaykra Rabba 21) enseigne au sujet du verset « Voici comment Aaron entrera dans le sanctuaire », cela correspond à ce qui est dit « Par la ruse tu mèneras la guerre. Rabbi Nathan et Rabbi A’ha au nom de Rabbi Simon ajoutent ; si tu as commis un paquet (un grand nombre) de fautes, fais pour les contrebalancer un paquet de mitsvoth ».
L’interprétation simple c’est que si une personne a fait de nombreuses fautes, elle devra faire de nombreuses mitsvoth pour accumuler des mérites et échapper à la terrible punition qui la menace.
Le Rosh yeshivat Porat-Yossef, dans son nouveau livre, « Or LeTsion », propose une autre explication.
Il existe certaines mitsvoth qui semblent légères mais qui impliquent dans la réalité des « paquets » de bonnes actions. La personne qui se dévoue pour cette chose peut en un court moment obtenir de très grands mérites.
Inversement, certaines fautes semblent sans beaucoup de conséquences, mais elles entraînent une grande charge pour celui qui les commet. C’est l”explication de ce Midrash, lorsqu’une personne a commis de nombreuses fautes, elle devra s’atteler à faire des mitsvoth lourdes, c’est à dire qui impliquent de nombreux mérites.
Le Rav Abba Shaoul mentionne plusieurs exemples.
Toutes les supplications sont restées lettre morte
Le Rav Kaminetsky Roch Yechiva Torah Vedaath à Philadelphie-Etats-Unis a raconté une histoire qui lui est arrivée durant ses jeunes années. C’était pendant la première guerre mondiale, alors que le Rav fuyait les combats avec son épouse et qu’ils sont arrivés dans une ville qui ne comptait que deux juifs.
L’hiver était glacial, le vent balayait sans pitié leurs corps transis par le froid et les flocons de neige frappaient leurs visages. Les personnes restées à l’extérieur sans abri risquaient leurs vies à chaque instant. A la périphérie du village se dressait l’une des maisons les plus luxueuses de la ville qui appartenait à un mécène juif. Le couple a frappé à la porte en étant presque certains qu’ils seraient bien reçus et confortablement installés dans la maison chauffée. A leur grand étonnement, le propriétaire des lieux refusait catégoriquement de les laisser rentrer et les supplications de Rav Yaakov restaient lettre morte.
Lorsque l’illustre voyageur a constaté qu’il n’avait aucune chance d’être accueilli par le riche juif, il l’a imploré de le laisser avec sa femme au moins passer quelques heures sous le préau de sa cour dans un abri de fortune qui préserverait leurs vies, ce qui lui a été accordée par cet homme au cœur de pierre.
Finalement, Le Rav et son épouse ont pu continuer leur chemin et sont parvenus jusqu’à la Yechiva de la ville de Slabodka dans laquelle ils ont passé les fêtes de Rocha Hachana. A sa grande surprise, l’homme qui les avait laissé presque mourir dans le froid glacial était honoré comme une personnalité respectable et avait même été appelé à monter à la Torah.
Rav Kaminetsky est parti trouver le chef de cette yechiva pour protester contre ce qui semblait être de la pure flatterie à l’égard d’un mécréant. Calmant ses craintes, le Rav local a alors expliqué au Rav Kaminetsky que cet homme était loin d’être cruel ou même mauvais. Pour preuve, il avait récemment accueilli chez lui toute la yechiva de Slabodka. Cependant, quelques jours avant la tempête de neige qui lui avait presque coûté la vie, un invité mal intentionné l’avait pillé, en s’emparant de tous les choses de valeur qu’il avait à la maison.
« Lorsque vous êtes arrivé en cette journée glaciale, son cœur était encore meurtri par ce qu’on lui avait fait, et il avait pris la décision de n’accueillir que des gens qu’il identifiait personnellement » a expliqué le Roch Yechiva local.
Terrifiant
Quelle punition méritera le voleur pour avoir dépouillé le riche mécène ? Il est évident qu’il ne lui sera pas simplement reproché d’avoir volé mais également d’avoir tenté de commettre un assassinat ! Il est le coupable qui porte la responsabilité d’avoir laissé le Rav Kaminetsky et son épouse dans le froid glacial au risque de mourir.
C’est ce qu’on appelle des paquets de fautes !
Une personne peut commettre une faute mais aussi légère soit-elle, elle sera jugée responsable d’actions infiniment plus graves, car cette action a entraîné des effets désastreux.
Pour être méritants, nous devons œuvrer pour que nos mitsvoth soient des amorces qui vont en provoquer plein d’autres ; exhorter les fidèles à ne plus parler pendant la prière, convaincre ses amis de ne pas dire de médisance… Toutes les heureuses conséquences seront attribuées à la personne qui en sera la cause.