Haazinou. Croire même quand on ne comprend pas
Si, en dépit de ses nombreuses interrogations, l’homme parvient à garder intacte sa confiance en D.ieu, en réalisant que jamais un être créé ne pourrait comprendre les motivations de son Créateur, il aura atteint le plus haut niveau de la foi
« D.ieu de vérité, jamais inique, Il est équitable et droit » (Dévarim 32,4)
Il n’est guère nécessaire de faire preuve d’une grande sagesse pour comprendre que D.ieu créa le monde, explique rav Ya’aqov Neuman dans le Darké Moussar. Cette réalité relève du sens commun, et chacun peut l’admettre aisément. En revanche, ce qui constitue un niveau supérieur de émouna, c’est le fait de continuer à croire même lorsque les événements semblent contredire l’existence de D.ieu, et que d’importantes questions sont soulevées quant à Son attitude à l’égard des hommes. C’est précisément là que réside la véritable épreuve de la émouna. Et si, en dépit de ses nombreuses interrogations, l’homme parvient à garder intacte sa confiance en D.ieu, en réalisant que jamais un être créé ne pourrait comprendre les motivations de son Créateur, il aura atteint le plus haut niveau de la foi. C’est l’idée qui ressort du verset cité en exergue : l’authentique émouna consiste à savoir, en dépit de toutes les interrogations, que « D.ieu n’est jamais inique ».
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Beaucoup d’entre nous ont été confrontés à cette épreuve il y a quelques décennies, lorsqu’un tiers de nos frères juifs ont été sauvagement exterminés. Parmi ces millions de Juifs disparus, on comptait de nombreux Tsadiqim, des hommes pieux, des femmes et des enfants innocents. Des communautés entières ont été détruites, des familles complètes éradiquées de la surface du globe, sans qu’il en reste le moindre souvenir. Malgré l’atrocité de ces faits, nous devons néanmoins rester confiants que « D.ieu n’est jamais inique » – tout ce qu’Il fait est pour le bien. L’homme sincèrement croyant comprendra que chaque événement est le résultat d’une décision juste et équitable. Le rav Neuman ajoute qu’on lui a rapporté à ce sujet une idée au nom du ‘Hazon Ich. Lorsqu’on voit un tailleur empoigner une lourde paire de ciseaux et découper un précieux tissu en menus morceaux, nous pouvons avoir la certitude que ces dommages ont un but précis : façonner un beau vêtement. Lorsqu’une personne n’a pas la maîtrise de l’étude talmudique, ajoutait encore le ‘Hazon Ich, elle ne cherchera certainement pas à disséquer un texte particulièrement ardu, car elle connaît les limites de sa compréhension en la matière. De la même manière, nous devons être conscients de notre incapacité à percer les mystères pins, car ils dépassent notre entendement.
Le principe de émouna consiste à croire en D.ieu même lorsque notre intellect ne peut comprendre le sens de Ses décisions. C’est la raison pour laquelle le sacrifice d’Its’haq fut la plus difficile de toutes les épreuves imposées à Avraham, car il allait à l’encontre du bon sens et de l’entendement humain. En effet, sacrifier son fils représentait, aux yeux du patriarche, une imitation des pratiques idolâtres, précisément celles contre lesquelles il avait lutté toute sa vie durant. De surcroît, cette démarche contredisait la promesse pine qui lui avait assuré : « C’est la postérité d’Its’haq qui portera ton nom. » Malgré toutes ces contradictions, Avraham s’interdit toute spéculation : il s’exécuta, comme l’aurait fait un fidèle serviteur, animé d’une foi pure et inconditionnelle dans le Créateur.
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.
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