Le patron de la première imprimerie de Bnei-Brak qui soutenait son concurrent
Une nouvelle imprimerie concurrente venait d’ouvrir, mais le patron loin de s’énerver, s’est déplacé en personne pour enseigner les ficelles de son métier…
«Soyez saints» (Lévitique, 19, 2)
Il existe de nombreuses façons de diffuser la lumière de la sainteté parmi les hommes. Il y a ceux qui le font par la lueur de l’étude de la Torah et l’ardeur qu’ils mettent pour l’apprendre et l’enseigner, et ceux qui contribuent à cette diffusion par leurs actions de bonté.
Ecoutez l’histoire d’un juif qui savait diffuser cette lumière. Rav Shlomo Cohen de mémoire bénie faisait partie des pionniers qui se sont installés dans la ville de Bnei-Brak. Il avait ouvert une imprimerie et comme à cette époque ce domaine n’était pas très développé, il en tirait des revenus très confortables. Des clients venaient à lui de toute la région puisqu’il n’avait aucun concurrent, et son affaire prospérait aisément.
Quelque temps plus tard, un nouvel habitant a décidé lui aussi de se lancer dans ce domaine et a ouvert son imprimerie… à quelques mètres de la première. La famille de Rav Shlomo Cohen voyait d’un œil mauvais ce nouveau venu qui osait marcher sur leurs plates-bandes, mais le père de famille loin de s’énerver comme eux réserva un accueil extraordinaire à celui qui était venu voler son gagne-pain. Dès que son concurrent baissa son volet pour la première fois, il eut droit à la visite de cet imprimeur qui le salua chaleureusement : « vous êtes nouveau venu dans la région et vous vous demandez certainement comment attirer des clients. Je vais vous donner la liste de mes contacts avec qui je vous autorise à faire affaire » dit-il à l’homme ébahi.
Mais ce n’est pas tout « Savez-vous utiliser correctement les machines que vous venez de recevoir ? » poursuivit-il. « Si non, laissez-moi vous apprendre ce travail afin que vous puissiez honorer les commandes qui vous arriveront bientôt » dit le Rav Cohen avant de retrousser ses manches pendant une longue heure pour apprendre sans rancœur à son concurrent les secrets du métier.
Cette conduite agaçait profondément les membres de la famille. « Nous comprenons que tu ne vas pas lui faire du mal parce qu’il est ton concurrent, mais où la Torah demande-t-elle d’aller l’aider en lui donnant tes listes de clients ? » demandèrent-ils à leur père.
« La subsistance est fixée par l’Eternel pour chaque individu et personne ne peut prendre de ce qui a été prévu à son prochain. Il est donc certain que chacune des actions que j’ai faites ne me portera pas préjudice, n’est-ce pas ? La difficulté, c’est que même si nous savons que c’est vrai, nous ne le ressentons pas. Devoir travailler pour subsister, c’est le fruit de la malédiction à l’encontre d’Adam, s’il n’avait pas fauté nous aurions pu servir notre Créateur toute la journée sans souffrir de dures journées de labeur. Là, j’ai la chance de repousser au moins une partie de cette malédiction en donnant du travail à mon voisin, pourquoi devrais-je m’en priver ? »
Cet imprimeur n’a pas seulement fait preuve d’une grande bonté, mais par sa conduite il a diffusé une enveloppe de sainteté dans le monde entier.