Lettre à mon amie, celle qui est restée derrière

Lettre à mon amie, celle qui est restée derrière

« Crois-moi ou non, mais avant de t’en rendre compte, dix années supplémentaires passeront. Moi, je marierais si D.ieu veut ma grande, et toi ? Je ne sais pas ce qui se passera avec toi… Tu continueras à croire que le garçon avec qui tu vis depuis des années voudra toujours se marier avec toi quand vous aurez 40 ans et ne te laissera pas tomber au profit d’une fille plus jeune…» Rivka dans lettre douloureuse à son amie d’enfance, avec laquelle beaucoup pourront s’identifier

A mon amie, celle qui n’est pas encore…

Nous avons grandies ensemble dans le même quartier et la même rue. J’ai toujours pensé que nous étions sœurs, et sans que nous nous en sommes rendu compte nous avons déjà terminé les études secondaires. Depuis, nous avons pris chacune un chemin différent, moi qui ai découvert le monde de la techouva et toi non.

Depuis, dix ans se sont déjà écoulés, mais nous nous parlons encore de temps en temps. A chaque fois que tu me parles de ta vie, de tes dures années d’étude pour la quatrième année déjà, de ton copain avec lequel tu vis depuis déjà six ans ou une chose semblable, mon cœur me fait mal…

Tu sais ? A chaque fois que j’y repense, je remercie D.ieu qui m’a sauvé d’une vie superficielle entourée de papier cellophane très rose. Et alors je me rappelle de toi, et d’encore tellement de gens que j’aime, et j’ai envie de vous crier, réveillez-vous !

Difficile à croire, mais tu as déjà presque 30 ans… « Qu’en est-il de se marier ? » je te demande parfois avec précaution, mais tu tiens bon. Tu m’expliques que tu veux d’abord terminer tes études, voyager dans le monde… et peut-être après, un jour…

Est-ce que tu as déjà pensé à ton véritable rôle dans ce monde, que tu es en train de perdre ? As-tu pensé à tes enfants, à ce bonheur en barre auquel rien au monde ne ressemble ? Est-ce-que tu ne trouves aucun mal à repousser tout ce monde pour des plaisirs passagers jusqu’à avoir 40 ans ?

A chaque fois que je te parle de mes cinq petits, tu fronces les sourcils… Tu ne comprends pas comment je fais, comment je vis ma petite vie bien limitée et ennuyeuse, mais tu ne réalises pas combien tu te trompes.

Et bien qu’à mes yeux tu seras toujours la fille la plus incroyable, et tu le sais, des fois quand je pense à toi et à tes espoirs de la vie, ma gorge devient serrée et mes yeux s’emplissent de larmes. Tu es tellement intelligente, alors comment est-ce possible que justement dans les points les plus critiques, tu restes naïve.

Penses-tu vraiment que ton ami voudra toujours se marier avec toi après plus de six ans passés ensemble sans aucun engagement, après les études, les voyages à l’étranger et tout le reste ? Est-ce que tu crois qu’il voudra une fille de 30 ans et plus s’il a la possibilité de trouver quelqu’un de plus jeune et attirante ?

Bien sûr, tu t’imagines qu’il t’aimera comme tu es, dans toutes les situations, même avec un pyjama tout simple et ces sandales en caoutchouc toutes abîmées que tu mets tous les matins en chemin vers la douche, et même avec cette chevelure fatiguée qui a connu des jours meilleurs. Et à nouveau, mon cœur se serre.

J’aurais tellement voulu que tu comprennes qu’est-ce qu’un couple selon la Torah, au moins pour un jour que tu ressentes ce formidable cadeau. Tu vis avec quelqu’un pendant six ans, mais la vérité est, et ne sois pas en colère contre cette franchise déconcertante – tu n’as aucune idée de ce qu’est le véritable amour… Tu ne peux pas savoir ce qu’est une cellule familiale unie et solidaire…

Mais je ne cesse de prier pour toi. Je prie du fond du cœur pour que tu comprennes ce que ça vaut d’être la seule et l’unique pour une personne qui t’aimes et qui ne regarde que toi… Tu ne me crois pas ? Je vais te raconter un secret, il est arrivé que mon mari montait les escaliers alors que moi je descendais, il est passé à côté de moi sans regarder, il n’a même pas remarqué que j’étais là !

Certes, cinq enfants à élever ce n’est évidemment pas une tâche facile, mais la satisfaction que cela procure n’a pas de limites. Brusquement, tu n’es pas perdu dans ton égoïsme, tu ne fais plus que pour toi-même, mais tu t’investis pour un but saint et élevé. J’ai le mérite de faire grandir des enfants qui connaissent leur créateur dès la naissance et de leur inculquer les valeurs les plus sublimes qui existent depuis leurs débuts.

Juste venir voir, tu ne veux pas. Cela te parait trop effrayant. C’est vrai, j’admets, de l’extérieur, ça a l’air étrange, mais que dirais-tu si tu voyais de l’intérieur !

Pendant ce temps, les années passent si vite, et tu restes quelque part en arrière… Comme la lycéenne qui cherchait comment profiter un peu de la vie, mais sans vouloir vraiment grandir…

Je t’écris ces mots dans la douleur, avec amour et une grande affection, mais je ne te le dis jamais, tout simplement parce que je sais que tu ne me comprendras pas… Car pour toi je suis une extraterrestre…

Dans mon cœur, je prie qu’un jour toi aussi tu puisses approcher de cette lueur divine, que tu mérites un mari exemplaire, comme tu le vaux, et seule moi sais combien.

Bien sûr, je ne dis pas que tout est tout le temps rose et agréable, il y a des défis, il y a parfois des incompréhensions et des frictions, car nous ne sommes que des hommes. Cependant, la Torah nous apprend à donner, comment écouter l’autre, comment se surmonter et comment pardonner. Finalement, chaque écueil, loin d’écraser le couple, ne le fait que grandir.

Une fois, tu m’as demandé qu’est ce qui a fait que je me suis rapprochée du judaïsme, je t’ai simplement souri et je t’ai dit que je cherchais la vérité. Et à l’intérieur de cette vérité, ce que je ne t’ai pas dit car je savais que c’était inutile, c’est que toute ma vie j’ai regardé autour de moi, et cette vision m’a tourmentée. J’ai été horrifiée par ce que le monde avait à me proposer. Je ne voulais pas être comme ces femmes qui se marient dans le bonheur (apparent) et qui divorcent quelque temps plus tard le cœur brisé… Je voulais un mari qui ne regarde que moi, qui me soit fidèle dans toutes les épreuves… D.ieu merci, c’est ce que j’ai reçu.

Ma chère amie,

Bientôt, dix ans auront passé… J’espère alors commencer à marier mes enfants avec l’aide Divine. Et toi où tu seras, je ne le sais pas.

En attendant, mon cœur prie tout le temps pour toi et te languit. Je te souhaite le meilleur, que tu aies le mérite de connaitre cette grande lumière, la lueur de la vérité, toi et tous ceux qui ne la connaissent pas encore.

Avec énormément d’amour et beaucoup de douleur,

Ton amie qui t’aime

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