Transgresser le Chabbat : pourquoi est-ce tellement grave aux yeux d’Hachem ?

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Question : ‘’Je crois en D. je respecte les autres, je fais attention à l’argent qui ne m’appartient pas, j’essaye d’aider du mieux que je peux toute personne ayant besoin d’aide, je donne une partie de mon argent aux pauvres et aux synagogues. Si je ne respecte pas le Chabbat, la chose est-elle tellement grave aux yeux de D. ?

Réponse : Pour déterminer la gravité qu’accorde la loi à chaque faute nous devons nous référer à la punition annoncée par celui qui a écrit cette loi.

Ainsi, concernant celui qui vole l’argent de son prochain, D. dit (Chemot 22, 6) :

‘’Si l’on trouve le voleur, il paiera double’’

(Le voleur par son acte montre l’indifférence qu’il porte à la difficulté de son prochain pour obtenir sa subsistance, ainsi il devra payer le double de la somme volée. D’une part, la personne volée trouvera ainsi une compensation à la tristesse éprouvée en apprenant le vol et d’autre part c’est l’occasion ainsi pour le voleur de comprendre le sentiment difficile éprouvé lors d’une perte d’argent.)

Au sujet de celui qui profane le Chabbat, il est dit (Chemot 31, 14) :

‘’Et vous garderez le Chabbat car il est saint pour vous, celui qui le profane mourra’’.

Celui qui profane le Chabbat est-il pire aux yeux d’Hachem qu’un voleur ?

Afin de comprendre, il nous faut un peu plus approfondir quelle signification revêt le Chabbat, la raison pour laquelle Hachem nous a ordonné de l’observer et le message enfoui dans son respect.

‘’Ainsi furent terminés le ciel et la terre et toutes leurs légions. Le septième jour, D. acheva Son travail qu’Il avait fait et Il s’abstint le septième jour de tout Son travail qu’Il avait fait’’.

‘’D. bénit le septième jour et le sanctifia (sanctifié signifie séparé, différencié. Ici, D. a élevé le septième jour et l’a distingué du reste des six jours[1] de la Création) car Il s’était abstenu de tout Son travail que D. avait créé pour faire’’ (Béréchit 2, 1-3).

Il est également écrit dans d’autres versets se rapportant au Chabbat (Chemot 31, 16-18) :

‘’Les enfants d’Israël observeront le Chabbat pour faire du Chabbat une alliance éternelle pour leurs générations. Entre Moi et les enfants d’Israël, c’est un signe éternel qu’en six jours Hachem a fait le ciel et la terre et le septième jour, Il a cessé [toute création] et s’est reposé’’.

En d’autres termes, juste après avoir terminé la Création du monde, le Créateur a fixé le septième jour de la semaine comme un jour intrinsèquement différent des autres jours. En outre, en ce septième jour, celui qui cesse son travail affirme ainsi qu’il reconnait pleinement que le monde a été créé par le Créateur et ne s’est pas formé tout seul. A l’inverse, celui qui transgresse le Chabbat par ses actes, annonce clairement renier D. ! En ce jour, D. a annoncé que tout travail devait cesser en témoignage de la création du monde et voici que quelqu’un défie l’ordre pin ?

L’objectif de la création du monde matériel est justement d’en surmonter les épreuves selon les directives du Créateur (afin de percevoir la récompense éternelle par nos mérites et non comme charité ou miséricorde). Ainsi, celui qui, par ses actes et son comportement montre son dédain de D. perd de vue l’objectif de sa vie[2] !

Voici une métaphore qui pourra nous permettre de mieux comprendre ce raisonnement :

Un grand roi aimé et apprécié de tous, fait une annonce importante à ses serviteurs et à son peuple. Il est installé sur son majestueux trône et des milliers de personnes sont présentes pour l’écouter. A la fin de son discours, le roi annonce : ‘’Toute personne qui me reconnait en tant que roi doit se lever en signe de fidélité ! Celui qui est contre moi, qu’il reste assis !’’

Immédiatement, toute l’assemblée se lève avec joie et entrain, heureuse de pouvoir exprimer sa fidélité à leur roi bien aimé. Cependant, un homme reste assis tranquillement à sa place. Les soldats du roi se dirigent vers lui et lui demandent :

-N’as-tu donc pas entendu les paroles du roi ?

-Oui, je les ai bien entendues.

-As-tu bien entendu que le roi a dit que celui qui reconnait le roi doit se lever en signe de fidélité et celui qui ne le reconnait pas en tant que tel, qu’il reste assis ?

-Oui, oui j’ai bien entendu cela, répond l’homme.

Immédiatement, les soldats se saisissent de lui et le mènent à la potence.

Une personne extérieure qui regarderait cette scène pourrait s’étonner : ‘’Quel pays curieux ! N’importe quelle personne assise sur une chaise est-elle condamnée à mort ?’’

La réponse est pourtant simple : après que le roi ait annoncé quel signe représente la fidélité ou la révolte, toute l’histoire prend une autre tournure.

Et au sujet du Chabbat, Le roi du monde a annoncé : ‘’Entre Moi et les enfants d’Israël, c’est un signe éternel qu’en six jours Hachem a fait le ciel et la terre et le septième jour, Il a cessé [toute création] et s’est reposé’’


1 Il est important de signaler ici que d’après le sens profond de la Torah, le chiffre 6 est le symbole de toute chose matérielle. Ainsi, toute chose matérielle possède six directions : est, ouest, nord, sud, haut et bas. Le chiffre considéré comme au-delà de la nature est le chiffre 7. Ainsi, l’année de Chemita (année de jachère) tombe la septième année, le jubilé (Yovel) est respecté après 7 Chemitot, soit au terme de 49 années, les fêtes de Pessa’h et de Souccot durent 7 jours, le compte du Omer se prolonge pendant 7 semaines, le septième jour (Chabbat) vient après six jours de création matérielle, les 6000 années du monde jusqu’au septième millénaire etc. Evidemment, chaque sujet évoqué ici mérite un développement en soi, mais le principe est clair : le chiffre 7 a une signification bien précise.

2 Rappelons-ici la gravité de la punition de celui qui transgresse le Chabbat. Dernièrement, un chauffeur de taxi d’apparence laïque m’a demandé : ‘’Je suis un juif croyant et je sais que notre Torah est merveilleuse, que ses voies sont paisibles et qu’elle nous enseigne morale et droiture. Comment alors est-il possible que celui qui transgresse le Chabbat soit mis à mort ? Il n’a tué personne !’’ Je lui ai alors répondu tout simplement : ‘’En tant que juif croyant, tu dois sûrement savoir que nous ne sommes pas éternels et qu’en quittant ce monde nous retirons tout simplement notre ‘’habits’ matériel, cet habit fait de chair et d’os, et nous le laissons ici-bas. En revanche, notre partie spirituelle qui est en réalité notre véritable ‘’moi’’ continue de vivre une vie éternelle. La qualité de cette vie éternelle vécue après la mort est en fait le résultat des actions de l’homme dans le monde matériel, de la qualité de ces quelques années ( !) selon les directives du mode d’emploi du Créateur du monde. S’il a observé les Mitsvot de la Torah, il aura mérité de purifier et d’éclairer son vrai Moi spirituel et de s’élever à des niveaux supérieurs permettant un rapprochement et une proximité sans égal du Créateur béni soit-Il au monde futur. (Cette proximité procure un niveau immensément élevé de plaisir et de délice que l’on ne peut même pas appréhender et dont tous les plaisirs de ce monde réunis ne représentent pas un millième de la satisfaction éprouvée en haut). En profanant le Chabbat, l’homme renie la preuve que D. a bel et bien créé le monde en six jours et que le septième jour Il s’est reposé. Or, il n’existe pas de plus grand dommage causé à l’âme de l’homme de renier D. A présent, l’homme qui transgresse le Chabbat face à des témoins et que ceux-ci l’ont prévenu et l’ont averti de la grande faute qu’il commet et que l’homme continue de fauter, il est alors mené devant le Sanhédrin (seul grand tribunal rabbinique à l’époque du Temple qui possédait le pouvoir de décider de la mise à mort d’un homme). Les Sages du Sanhédrin examinaient alors le cas de cet homme et ont vérifié avec certitude que cet homme a bien transgressé le Chabbat devant des témoins décrétaient alors la peine de mort à son encontre. En mourant ainsi, l’homme expie sa faute et son âme, en étant libéré de son enveloppe matérielle voit alors les portes de la vie éternelle s’ouvrir devant lui. L’âme comprend que c’est par cette mise à mort qu’il a été sauvé d’une perte éternelle au monde futur. L’âme de cet homme est alors tellement reconnaissante d’avoir pu expier sa faute et d’avoir pu payer en ce monde par sa vie au lieu d’avoir à expier sa faute par différents moyens dans le monde futur. Ainsi, il faut voir ici un bienfait et non un dommage quelconque ! (D’autre part, Hachem nous a accordé une grande bonté en nous laissant la possibilité de nous repentir et de faire Téchouva, d’expier nos fautes et de nettoyer notre âme même de la faute de la transgression du Chabbat). A une autre occasion, j’ai à nouveau rencontré ce chauffeur de taxi qui m’a dit avoir expliqué ce raisonnement à d’autres personnes de son entourage et qu’ils se sont tous extasiés de la droiture de la Torah et à quel point il est important d’approfondir chaque détail de notre saint héritage’’.

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